Pour
beaucoup, l'écriture à quatre mains reste toujours
une énigme. Comment travaillez-vous aujourd'hui après
plusieurs livres en commun.
Notre
technique d'écriture a indéniablement évolué,
puisque nous concevions auparavant des histoires de six à
huit pages. Petit à petit nous avons mis en place un
système d'histoires intégrant à la fois
les petites anecdotes et les petites historiettes de la vie
quotidienne (des éléments qui, dans le même
temps s'inscrivent dans une plus grande histoire). Notre approche
de l'écriture a donc changé. Que l'écriture
à quatre mains puisse étonner les gens est surprenant.
La plupart des couples en bande dessinée conçoivent
l'histoire à deux, même si les rôles de scénariste
et dessinateur sont bien séparés et définis.
Bien qu'un scénariste affirme tout écrire, le
dessinateur retravaille très souvent le découpage
et les dialogues en fonction du dessin et de l'expressivité
qui s'en dégage. La bande dessinée est un travail
extrêmement laborieux. Nous pouvons affirmer en ce qui
nous concerne, que nous ne sommes pas trop de deux, et même
trois car nous collaborons avec une coloriste, isabelle BUSSCHAERT.
En cela, nous n'avons rien inventé puisque HERGE et FRANQUIN
travaillaient en studio. La seule et notable différence
entre eux et nous, c'est l'absence de hiérarchie dans
notre fonctionnement. Chez nous, il n'existe pas de chef comme
HERGE et FRANQUIN l'étaient pour leurs collaborateurs.
Il faut d ailleurs savoir que les scénariis de FRANQIN
étaient conçus grâce au concours de DELPORTE
et toute une bande d'amis. Ils se réunissaient, discutaient
de tout pendant une nuit, et une histoire comme la mauvaise
tête surgissait au matin. En ce qui nous concerne tous
les deux, c'est notre longévité qui nous étonne.
Nous sommes convaincus que cette longévité tient
au fait que nous n avons pas de rôle précis chacun
dans notre collaboration. Notre manière d'aborder une
bande dessinée n'est donc pas rigide; il s'agît
uniquement de circonstances, d'envies, d'idées. La complémentarité
fait que nous y trouvons respectivement notre compte, puisque
cette manière s'inscrit aujourd'hui dans la durée.
Au fil du temps, nous avons construit une sorte d'entité
répondant au nom de DUPUY & BERBERIAN. Une entité
derrière laquelle, nous nous cachons peut-être,
nous travaillons surtout. Une entité grâce à
laquelle nous pouvons élaborer des projets chacun dans
notre coin, et les amener sur le terrain commun afin d'observer
leur évolution.
Monsieur Jean, votre personnage, semble à l'image de votre entité. Il commence par se
chercher, sa personnalité est indécise, il prend
peu d'initiatives, il n'est manifestement pas sûr de lui
Jusqu'à ce dernier livre, le quatrième de la série,
où il fait montre de réactions et d'une révolte
plus exprimées, plus abouties, plus affirmées
: Monsieur Jean est aujourd'hui plus mature.
Toute
cette évolution du comportement illustre avant tout le
vieillissement du personnage. De toutes évidences, quand
on est plus jeune on éprouve plus de difficultés
à prendre des décisions, et finalement, lorsqu'elles
sont prises, c'est toujours "contre" ou pour se préserver
de". Le temps change la manière d'appréhender
la vie. C'est vrai que la personnalité de notre entité
est plus affirmée aujourd'hui qu'hier. C'est vrai encore,
que nous envisageons et abordons les événements
de manière plus déterminée, plus active.
Disons que nous avons réellement ressenti le danger de
voir notre collaboration devenir caduque au moment de sa maturité,
alors que nous constations avoir franchi un cap par rapport
à nos aspirations graphiques et narratives. Auparavant,
notre collaboration reposait surtout sur l'angoisse d'affronter
seuL l'un et l'autre, la création ou l'élaboration
d'un livre. C'est la raison pour laquelle nous avons fait Le
journal d'un album. En dessinant et en racontant chacun notre
propre histoire au sein de ce livre, en constatant et en assistant
à l'articulation de tous les éléments narratifs
que nous apportions, nous nous sommes posés la question
de la légitimité de notre collaboration. Nous
avons ainsi appris, que malgré le franchissement de ce
fameux cap vers la maturité, malgré le sentiment
que nous avions d'être chacun plus sûr de soi, la
collaboration, notre collaboration, était très
importante pour nous par ses apports. Nous possédons
deux personnalités vraiment distinctes, et pourtant elles
s'accordent beaucoup. Leur réunion est indispensable
à l'élaboration d'un univers tel que celui de
Monsieur Jean, où nous faisons vivre et évoluer
de très nombreux personnages. Notre entité bicéphale
nous préserve d'un nombrilisme exacerbé. Elle
nous offre de rester dans le domaine de l'observation, de la
description de ce monde et de ce qui nous plaît, nous
énerve ou nous répulse. Notre réunion nous
offre un certain recul. Il existe une part de chacun de nous
dans Monsieur Jean. Ainsi, s'il nous arrive de vivre une expérience
négative ou positive dans notre vie de tous les jours,
nous allons essayer de l'inscrire celle de Jean. il s'est passé
des choses dans nos vies respectives qui marquèrent l'évolution
de Monsieur Jean.
La collaboration nous permet donc de ne pas coller à
l'évènement ou à la situation décrite
dans l'histoire., et d'amener une distance face à eux.
C'est de cette manière que nous envisageons l'écriture
du scénario. Une histoire est toujours enrichie de différentes
a ambiances et approches.
Quelle
fut votre motivation première dans l'élaboration
de Monsieur Jean ?
L'idée
que nous avions à la naissance de Jean, était
de le faire évoluer en même temps que nous. Nous
voulions pouvoir raconter ses histoires longtemps, avec une
implication et une énergie identiques à celles
du début. Nous sentions bien et le savions pertinemment,
que nous ne resterions pas toujours dans le domaine de la post-adolescence.
Le Journal d'un album était nourri de cette volonté.
Nous avions tous deux les mêmes préoccupations,
mais nous nous sommes dirigés vers des directions différentes
dans nos parties respectives et parallèles de la réalisation
de ce livre. C'est à ce moment là que nous rejoignons
les questions que nous pouvions nous poser par rapport à
notre collaboration. Nous nous interrogions aussi sur la vie
de tous les jours, sur la paternité, sur la vieillesse
ou plutôt sur la tentation de ne pas vieillir - si cela
était possible... Il nous apparaissait important d'utiliser
le personnage de Monsieur Jean pour essayer d'avancer dans nos
vies. Pendant que Jean avance, nous pouvons verser dans sa vie
la plupart de nos angoisses, et toutes ces petites contrariété
quotidiennes qui nous déstabilisent en ne contribuant
plus à faire de nous ce que nous étions auparavant...
Le principe du post-adolescent c'est justement de vouloir prolonger
l'adolescence au maximum. Lorsqu'il se rend compte que cette
volonté s'avère irréaliste, il le manifeste
par une crise de la trentaine. Il nous semblait absolument important
d'aborder cet aspect de nos vies grâce à Jean.
Depuis son second livre, Les nuits les plus blanches, et la
scène ou il relit la lettre qu'il s'était écrire
à dix-sept ans pour l'homme qu'il serait à trente,
Jean vit notre évolution commune (la sienne et la nôtre).
L'évolution
de Monsieur Jean jouant sur l'expression personnalisée
de tous les personnages, est vraiment axée sur un nombre
important d'évènements anodins de tous les jours.
Ce
qui est important pour nous, c'est notre vision du quotidien.
Ce sont tous les petits gestes journaliers qui révèlent
vraiment ce que nous sommes les uns et les autres. C'est souvent
dans nos obligations, quelles qu'elles soient, que nous trouvons
finalement de la liberté. À quoi pensons-nous
lorsque nous faisons la vaisselle ? Le temps passé à
laver nos assiettes peut être livré à de
l'introspection ! De la même façon, que se passe-t-il
quand nous sommes dans le métro et que nous nous emmerdons
? Nous regardons les gens, nous pensons, nous réfléchissons
! Ces instants de tous les jours ne nous semblent pas importants,
mais ils participent pourtant à la construction de notre
personnalité. C'est pendant leur écoulement qu'on
prend le temps de réfléchir, qu'on rumine des
éléments de nos existences, qu'on les mets en
place, sans qu'il s'agisse pour autant et inévitablement
d'introspection. Finalement, c'est en prenant le métro
ou le train qu'on s'enrichit puisqu'ils nous offrent la liberté
et le temps de lire. La vie quotidienne n'est pas donc négligeable.
Il ne faut surtout pas lui refuser son importance. Les grandes
causes, les grandes victoires et les grands idéaux ne
sont pas grand-chose si on les isolent de la vie quotidienne.
Leur réalité ne tient qu'à l'addition de
petites causes, de petits idéaux et de petites victoires
de la vie de tous les jours. Vraiment, les petits exploits de
tous les jours sont les plus admirables !
La
narration dans le dernier livre de Monsieur Jean établie
un lien entre le récit volontairement attaché
à Jean et à l'anodin et celui, plus classique
et romantique, du personnage peintre.
Il
s'agit plus d'une confrontation que d'un lien entre les deux
récits. Nous nous sommes servis de l'histoire de ce peintre
pour éclairer, d'une certaine manière, les questions
que pouvait se poser Jean face au désir de s'impliquer
ou non dans sa relation avec Cathy. Nous ne savons pas si l'histoire
du peintre est vrai, seulement, elle dévoile une histoire
d'amour dans laquelle un type va jusqu'à bout. L'histoire
de Jean est aussi une histoire d'amour, mais c'est une histoire
d'amour de tous les jours
À quel point, dans cette
vie de tous les jours, avons-nous (et a-t-il) envie d'aller
jusqu'au bout ? Bien sûr il ne s'agit pas ici de questions
aussi romantiques et tragiques que celles de ce peintre qui
va jusqu'à la mort pour l'amour d'une femme qui ne le
lui rend pas. À la lecture de cette histoire, notre Jean
va même se convaincre qu'il n'est pas capable de s'installer
avec Cathy... La naissance de ce doute, de cette hésitation
dans l'esprit de Jean, crée une sorte de décalage,
une sorte de souffle. Nous sommes tous, dans nos vies, quelque
peu alourdis par nos taches de la vie quotidienne, des taches
et des obligations qui ne nous donnent pas le temps de nous
impliquer plus que nous ne le voudrions. Simultanément,
nous sommes tout le temps confrontés à des histoires
qui nous font rêver, des histoires où les gens
sont totalement disponibles. Dans un film, par exemple, quand
les personnages sont amoureux, ils le sont constamment ! Au
cinéma, la course éperdue d'un individu pour retrouver
une fille à travers les rues d'une ville, bien qu'irréaliste,
nous rend immanquablement romantique. Malheureusement, il nous
est impossible de vivre une telle aventure. Les obligations
quotidiennes (toujours elles), même les plus simples,
nous l'interdisent. Au mieux pourrions-nous vivre ainsi l'espace
d'une journée... mais certainement pas plus, ne serait-ce
que parce que nous travaillons. Nous vivons donc par procuration
! C'est cette prépondérance de la réalité
que nous voulons développer dans Monsieur Jean, tout
en essayant de garder une dimension un peu romantique. Cette
réalité, associée à la coloration
particulière du récit du peintre, permet à
Jean de grandir et motive son geste à la fin du livre.
On
retrouve néanmoins beaucoup d'interrogations sur la vie
amoureuse, les enfants, la famille
On
retrouve ces interrogation parce que Jean est en phase avec
nous ! Il est notre masque ! Il est chacun de nous ! Nous lui
attribuons ce que nous sommes et ce que nous observons chez
nos proches. En ce qui concerne notre collaboration, nous n'avons
jamais décidé de travailler exclusivement ensemble.
Nous n'avons jamais dressé le moindre plan, encore moins
sur la durée. Les circonstances s'assemblent au jour
le jour; et nous ne croyons qu'en cela. Si nous continuons,
c'est pour cette simple raison. Nous ne faisons pas que de la
bande dessinée, puisque nous pratiquons également
l'illustration ensemble. Il s'établit toujours comme
une partie de ping-pong entre nous, dès que nous abordons
un sujet ou un projet. Nous avons toujours fonctionné
sur un déclic, sur une lueur d'excitation dans le regard
de l'autre. Nous devons toujours croire en ce que nous faisons
Si nous voulons y entraîner le spectateur quel que soit
le genre que nous abordons.
Aujourd'hui, tristement, tous les genres sont abordés
dans la bande dessinée. Il ne semble pas y avoir de tendance
prédominante, ce qui est très appréciable.
Il est vrai que l'on a un peu parlé, à un moment,
de la tendance autobiographique dans la bande dessinée.
Mais cette attention exprimait plutôt le rapport des gens
avec l'autobiographie en générale. L'autobiographie
provoque toujours des réactions car elle dérange
un peu. Ce qui dérange en elle, semble-t-il, c'est sa
possibilité d'offrir à une individualité
la liberté de s'exprimer à la première
personne. REZVANI affirme que l'homme aurait plutôt tendance
a tenir un journal le bord, une expression un peu froide et
technique du cours de la vie, au contraire du journal intime
qui relève d'une démarche beaucoup plus féminine.
En ce qui concerne Le journal d'un album, ça s'est vite
dirigée vers le journal intime. A cet égard, les
réactions furent très rapides et négatives
à son encontre. Cette approche du journal intime dérange.
C'est indéniable ! Sa tenue par une gamine de douze ans
est bien acceptée, alors que c'est loin d'être
évident lorsqu'il s'agit d'un garçon; de sa part
cela semble même bizarre... Ensuite, en vieillissant les
personnes qui tiennent un journal se gardent bien de l'avouer
et, encore plus de le crier haut et fort. L'autobiographie s'est
retrouvée quelques temps propulsée sur l'avant-scène
de la bande dessinée, soit parce que les gens ont soudain
eu envie de la défendre, soit parce qu'elle offrait un
nouveau terrain à défricher et découvrir.
On a longtemps dit que la bande dessinée était
préservée de l'autobiographie en tant que mouvement
ou tendance, même si des personnes comme GOTLIB ou CRUMB
avaient déjà pratiqué l'autobiographie
avec beaucoup de succès populaire. Lorsque L'Association
a édité ses trois ou quatre premiers ouvrages
autobiographiques, des éditeurs comme Vents d'ouest,
Delcourt ou encore Glénat proposaient en majorité
aux lecteurs des tombereaux de bandes dessinées de science-fiction.
Le discours du ras-le-bol rapidement entendu vis-à-vis
de l'autobiographie en bande dessinée, pour quelques
livres édités chaque année, n'est donc
ni fondé, ni défendable, face à l'édition
du trentième tome de la vingtième série
de science-fiction sur le marché. Un trentième
tome de vingtième série dont l'édition
n'engendre aucune remarque cela dit ! Cet écurement
rapide de certains libraires à l'encontre d'un genre,
l'autobiographie, qui ne leur prend aucune place sur leurs tables
de nouveautés apparait pour le moins bizarre, D'autant
plus que l'autobiographie est une tendance qui n'est pas très
répandue dans la bande dessinée, au contraire
du cinéma ou de la littérature où elle
relève du genre courant. Mais qu'importe si ce genre
n'est pas reconnu dans la bande dessinée ! Même
s'il n'est pas juste ou honnête d'affirmer que la reconnaissance
n 'a pas d'importance, encore faut-il savoir de quelle reconnaissance
nous parIons !
Qu'en
est-il de la reconnaissance du statut d'auteur ?
En
ce qui concerne la reconnaissance du statut d'auteur; bien qu'il
ne soit pas très protégé légalement,
nous avons néanmoins tout ce qu'il faut pour être
intégrés a cette société plus ou
moins branlante, tout en restant quelque peu marginaux. Nous
n'avons pas de treizième mois, ni de congés payés,
parce que nous avons justement choisi de ne pas courir après
ces carottes. Quand à la reconnaissance culturelle de
la bande dessinée, nous n'avons pas trop à nous
en plaindre : certains auteurs de bande dessinée ne furent-ils
pas, dernièrement, décorés Chevaliers des
arts et des lettres ? Les auteurs sont également reconnus
par le ministère des Affaires étrangères
puisqu'ils sont appelés à voyager dans le monde
entier pour représenter la culture Française et
la francophonie.
Vos
travaux sérigraphiques tel que " Joséphine
" chez Alain Beaulet offrent un regard différent
sur votre création, proche de celui que l'on pose sur
la peinture.
Ces
deux activités n 'ont pas grand-chose en commun. L'une
des nombreuses différences, par exemple, réside
en ce que le peintre ne sait pas franchement où il va
quand il se lance dans une image. Il se laisse aller à
son impression du moment, travaille la couleur, la laisse évoluer,
revient dessus, arrête quelques temps... La réalisation
peut durer un mois, une semaine, trois jours. Le temps ne compte
pas pour le peintre. Même celui qui ne prend que trois
secondes pour laisser une unique trace sur une toile, connaît
souvent une longue période d'incubation avant de sortir
cette trace. L'illustrateur de son coté, cherche à
tout maîtriser pour atteindre l'image qu'il s'est fixé
au départ ; au point qu'un accident dans la réalisation
se transforme en catastrophe. Le peintre aurait plutôt
tendance à intégrer cet accident ou à se
laisser porter par celui-ci dans une nouvelle direction. La
peinture est en définitive une activité plus ou
moins voisine de la bande dessinée, et pourtant, totalement
différente. Certaines personnes rapprochent également
la bande dessinée du cinéma. Encore une fois,
l'une n'a rien a voir avec l'autre, même s'il il est question
de cadrages dans les deux cas. La bande dessinée possède
un élément particulier qui lui est propre : la
bulle. Qu'importe le cadrage mis en place dans une bande dessinée,
celui-ci doit invariablement tenir compte de la place que prend
la bulle dans l'image. La bande dessinée nécessite
une répartition physique des masses, d'autant que la
bulle est une écriture au même titre que le dessin.
Si nous devions jouer de mauvaise foi, et chercher absolument
à rapprocher la bande dessinée d'un autre moyen
d'expression, nous nous dirigerions plus vers la littérature
(bien qu'elle ne soit pas plus proche de cette dernière
que des autres). La réalité ne souffre pas de
comparaison la bande dessinée est un langage à
part entière possédant sa propre intégrité.
Toutes ces comparaisons sont stériles, car en définitive
peu importe le moyen d'expression, l'essentiel est de s'exprimer
L'approche
personnelle de la lumière dans l'univers de Monsieur
Jean, par le travail de votre coloriste, Isabelle Busschaert
contribue également à l'établissement de
la maturité dans la série.
Il
y contribue d'autant plus, que nous avons vraiment trouvé
en Isabelle la personne qui complète notre manière
de voir la vie. Ce choix de collaboration avec une coloriste
tient aussi au fait que nous n'avons pas envie de nous épuiser
sur le travail d'un album de bande dessinée. Nous voulons
garder notre regard le plus frais possible sur l'univers de
Jean. Pour cela, il faut que sa réalisation aille relativement
vite et que le livre se fasse toujours dans l'envie. Ce qui
nous plait dans cette démarche, c'est que nous ne savons
rien du futur de Monsieur Jean. La seule certitude que nous
ayons a son sujet, c'est qu'il va avoir un enfant. En dehors
de cela, nous ne savons absolument rien de son évolution.
C'est ainsi. Nous ne savons rien de ce qu'il adviendra de lui,
comme de nous-mêmes. Tout ce que nous désirons
réellement, c'est de continuer à vieillir avec
Jean...
Propos
recueillis par Bruno CANARD
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