Rétrospective Dupuy-Berberian à Leuven (Belgique)
du 15 février au 14 avril 2002.

 

Dossier de presse de l'exposition :


Plus de 300 oeuvres du tandem de la bande dessinée seront exposées dans les différentes salles de Tweebronnen. Aux côtés de l'oeuvre spécifique de bande dessinée seront également présentés les travaux libres et illustrations réalisés sur commande.


Rétrospective Dupuy-Berberian - la bande dessinée française parle du quotidien

Le tandem Philippe Dupuy (né le 15 décembre 1960, France) et Charles Berberian (né le 28 mai 1959, Irak) sont devenus, au cours de ces deux dernières décennies, le top absolu dans l'univers de la BD française. Les histoires, mises en images de manière extraordinaire grâce à la pureté du tracé, sont empreintes de quotidien et baignent dans une ambiance extrêmement neuve et fraîche. Leur choix délibéré pour la bande dessinée n'est pas restrictive :
ils sont également devenus des valeurs sûres en tant qu'illustrateurs.


Dupuy et Berberian se sont rencontrés au début des années 80, époque à laquelle un vent nouveau soufflait sur le monde de la BD, surtout à Paris. Ils décident rapidement, sous les ailes des grands maîtres français Yves Chaland, Ted Benoit et François Avril, de réunir leurs talents pour les dessins et le scénario - une répartition des tâches rarement vue ailleurs.
L'un des projets communs est l'hommage à Hergé, le père spirituel de Tintin, dans le fanzine Band'à Part. Les premières histoires communes sont rassemblées dans l'album 'Les héros ne meurent jamais'.


1984 est l'année de la reconnaissance. Pour la première fois, ils paraissent dans le magazine français Fluide Glacial et toujours cette même année est publiée la première partie de leur première série à succès, Le Journal d'Henriette (qui deviendra vite Henriette tout court). Les éditions qui en ont les honneurs ne sont autre que la prestigieuse maison Les Humanoïdes Associés.
Les épanchements d'une jeune adolescente timide, complexée et aigre, sont racontés dès le début sur un ton vrai et désarmant. Henriette lutte contre son physique, sa façon de penser terre-à-terre et ses parents. Son journal intime est à la fois l'endroit où se concentrent ses rêves et le réceptacle idéal des scénarios les plus impensables dans lesquels elle se venge de ses copines. Dupuy et Berberian ont cependant le sarcasme généreux, ce qui adoucit considérablement le côté tragique d'une jeune fille un peu trop rondouillarde.

On ressent cette même douceur dans la deuxième série du duo. En 1990 paraît l'Amour, la concierge, le premier album de Monsieur Jean. La série plonge le lecteur dans la trivialité des activités du quotidien, dans les doutes et le bonheur tranquille d'un trentenaire - écrivain, soit dit en passant. Le Paris d'aujourd'hui offre aux écrivains en recherche beaucoup (trop) de distractions. Amour, souvenirs, fêtes d'anniversaire bruyantes et amis versant dans les conversations philosophiques rendent passionnante la vie de n'importe quel jeune écrivain.
L'environnement de Monsieur Jean présente beaucoup de points communs avec celui des auteurs. Dans 'Journal d'un album', chef-d'oeuvre biographique sur la naissance du quatrième Monsieur Jean, on retrouve très clairement dans la BD des situations de la vie de tous les jours de Dupuy et Berberian. Berberian parle de "le lien indissociable entre leur vie privée et leurs albums".
Il y a toutefois bel et bien une différence entre l'album et l'album sur l'album: dans la série de Monsieur Jean, Dupuy et Berberian atteignent un paroxysme sur le plan graphique, avec des dessins et des couleurs extrêmement soignés et pensés. Journal d'un album a été publié par une maison d'éditeurs opiniâtre, L'Association, et témoigne d'un point de vue différent. La spontanéité semble ici être le maître-mot. Chez Henriette et Monsieur Jean, la recherche est vaine de chaque main séparée; dans 'Journal d'un album', les deux auteurs présentent un travail plus délié et plus personnel.


Dans l'intervalle, cinq Monsieur Jean ont été publiés.
La théorie des gens seuls, ouvrage désarmant, a été conçu autour des personnages de cette série. Monsieur Jean a souvent été couronné, et à juste titre, notamment en 1999 dans le cadre du festival de la BD d'Angoulême. Une autre maison d'édition parisienne, Cornelius, a publié les rapports illustrés de voyage 'New York Carnets', 'Barcelone Carnets' et 'Lisbonne Carnets'. Après les histoires d' Anne Rozenblat, paraissent aussi les livres illustrés 'Tout n'est pas rose', '21 vices' et 'Le petit garçon qui n'existait pas'. L'énorme attention qu'ils consacrent à la bande dessinée ne les empêche pas de travailler à l'illustration des projets les plus divers. Dupuy et Berberian sont par exemple les auteurs du travail publicitaire pour Canal+ et la chaîne de magasins de vins Nicolas. Ils ont également effectué des illustrations pour The New Yorker. Ils ont par ailleurs été chargés du graphisme de différents CD.


Le caractère particulier des BDs s'explique partiellement par la forme unique de collaboration. Tant Dupuy que Berberian ont une touche typique, personnelle, qu'ils savent mieux que quiconque intégrer dans un graphisme simple mais cependant extrêmement typique. La répartition des tâches est difficile à définir. Sur le plan de la conception du scénario, de la mise en encre, du coloriage, ils mettent tous les deux la main à la pâte. Cette répartition des tâches connaît des dosages différents dans les différents
albums.
Mais il n'y a pas que les circonstances dans lesquelles naissent les albums qui comptent. Certains dessins suggèrent en filigrane des événements ou des sentiments ; ceux-ci ne sont jamais exposés de manière explicite. Il faut ajouter à cela le mélange d'humour et de tendresse qui, pour le lecteur, est surprenant et facilement reconnaissable. Avec un graphisme particulièrement efficace et le ton unique de leurs histoires, Dupuy et Berberian ont acquis une place de choix parmi les Grands Maîtres de la bande dessinée française.

Grâce aux adaptations de leur oeuvre prévues par une maison d'édition canadienne de qualité, comme l'est Drawn & Quarterly, et grâce en outre aux illustrations paraissant régulièrement dans The New Yorker, une percée dans le monde anglo-saxon ne semble pas du tout utopique.


Dupuy et Berberian sur Dupuy et Berberian


"Le recours à des métaphores illustrées est avant tout un outil de narration; elle nous permettent de transmettre une série d'idées avec un peu plus de relief. Quelques coups de crayon suffisent pour souligner une idée, un sentiment, une réaction qui, sans le crayon, demanderaient beaucoup de texte, et seraient peut-être superflus ou pontifiants. Par cette approche, les sentiments gagnent indiscutablement en puissance et en chaleur."
Philippe Dupuy dans une interview parue dans le Standaard avec Michel Kempeneers


"Grâce à Journal d'un album, une sorte de carnet de bord aux allures de BD sur la naissance du précédent Monsieur Jean, nous avons réussi à faire évoluer notre style. Cela faisait longtemps qu'on en avait envie car nous souhaitons que nos personnages vieillissent, que les histoires aient plus impact et paraissent plus mûres. Et cela n'est possible que si le style suit le mouvement".
Charles Berberian dans une interview parue dans le Standaard, avec Michel Kempeneers


"Journal d'un album est davantage le reflet de certains faits auxquels nous avons après-coup mis un peu de nos émotions. Mais le ton du livre est autobiographique. Si nous y mettons parfois des éléments de nos discussions ou des difficultés de notre vie privée, c'est parce que de tels facteurs sont également les ingrédients d'un album. Ils influencent aussi bien notre collaboration que le fond et la forme de l'album une fois terminé. Chaque album est indissociable de notre vie privée et vice-versa".
Philippe Dupuy dans une interview parue dans le Standaard avec Michel Kempeneers


"C'est une méthode de travail qui s'est imposée d'elle-même, il y a des moments où l'un travaillait plus les scénarios et d'autres moments où c'était l'inverse, selon le type d'histoire. On discutait quand même pas mal des scénarios à deux, ce que l'on continue encore de faire. Mais il n'y a pas de convention nette et précise, tout ce fait donc en fonction des disponibilités de chacun."
Charles Berberian, P.L.G., automne 1994


"Il est vrai que Charles et moi sommes très indépendants par rapport à la bande dessinée. Nous ne sommes pas obligés de sortir album sur album pour vivre, et ceci nous rend également assez indépendants vis-à-vis des éditeurs. Nous pouvons choisir notre éditeur par goût, par affinité et non par besoin ou pour un quelconque enjeu. Et c'est réciproque. Ce qui nous importe avant tout, c'est de pouvoir réaliser les livres que l'on a eu envie de faire"
Philippe Dupuy, P.L.G., automne 1994


"Un média influence l'autre. Les expériences que nous nous permettons de faire en matière d'illustrations influencent nos bandes dessinées. L'illustration ne consiste qu'en un seul dessin, on peut donc facilement faire des expériences sur le plan graphique. Si nous parvenons à un résultat intéressant, nous pouvons intégrer celui-ci dans nos BDs. Nos couleurs par exemple ont fort évolué grâce à cette méthode de travail".
Charles Berberian dans une interview parue dans le Standaard avec Michel Kempeneers


"Mon itinéraire est assez différent de celui de la plupart des autres auteurs que je connais. Enfants, tous les auteurs de ma génération lisaient Spirou ou Tintin. Au départ, autant que je m'en souvienne, je lisais Mickey et je copiais, je décalquais les personnages de Mickey, et j'ai continué de lire Mickey et Picsou très tard, jusqu'à l'âge de dix ans et je suis passé directement du Journal de Mickey à Pilote, j'ai donc loupé tout ce qui était prévu pour les enfants de mon âge, Et je ne l'ai découvert qu'après".
Philippe Dupuy, P.L.G., automne 1994


"Notre culture BD à la base était la BD américaine, mais lorsque j'ai commencé à dessiner, j'étais surtout influencé par la BD franco-belge. En fait, je me suis mis à dessiner pour compléter ma collection d'albums que je trouvait encore trop maigre. Je me souviens en avoir fait un en une après-midi et d'avoir trouvé ça pas si dur à fabriquer."
Charles Berberian, P.L.G., automne 1994

"Avec sa série Monsieur Jean, le tandem Dupuy-Berberian a marqué son empreinte la deuxième moitié des années nonante. Des histoires au style bien défini, mais à la fois légères et spirituelles, sont la 'marque de fabrique' de la nouvelle quotidienneté".
Michel Kempeneers, Standaard der Letteren, 23 mars 2000


"Les albums ont manifestement demandé un travail acharné. Tout a fait l'objet d'un soin méticuleux, y compris les couleurs. Un réel plaisir pour les yeux. Leur manière de raconter vous réserve une nouvelle surprise à chaque page. Par exemple, ils mélangent avec le plus grand naturel des images très fortes de rêve et de fantaisie avec des scènes du quotidien. Lorsque Monsieur Jean doit travailler un script, par exemple, vous le voyez discuter en pensée avec les personnages du script sur le rôle qu'ils tiennent dans l'histoire. C'est de la BD fraîche et sympa."
Erik Lesire sur Studio Brussel, 26 mars 1999.


"Cela fait bien longtemps que les qualités du tandem français Philippe Dupuy (1960) et Charles Berberian (1959) font l'unanimité. Cela fait plus de dix ans que ces deux messieurs réalisent des albums qui ont vraiment tout pour séduire un large public. Ils se limitent généralement à des sujets familiers, tirés du quotidien de tout un chacun et racontent leur histoire après mûre réflexion, de façon légère et pleine d'humour et de bienveillance, en partant de points de vue originaux. Tout cela dans un style épuré, simple, rappelant intensément les illustrations des années cinquante, mais aussi Raoul Dufy".
Michel Kempeneers, Standaard der Letteren, 8 avril 1999

 

Bibliographie


1985 - Petit peintre, Editions Magic Strip.
1987 - Graine de voyous, Fluide Glacial.
1988 - Le journal d'Henriette, tome 1, Les Humanoïdes Associés
1988 - Le journal d'Henriette, tome 2, Les Humanoïdes Associés
1989 - Une aventure de Stanislas: Klondike, Éditions Milan
1990 - Le Chat Bleu
1991 - Le destin d'Henriette (Le journal d'Henriette, tome 3), Les Humanoïdes Associés
1991 - Les héros ne meurent jamais, Éditions L'Association
1991 - Monsieur Jean, L'amour, la concierge (Monsieur Jean, tome 1), Les Humanoïdes Associés
1992 - Les nuits les plus blanches (Monsieur Jean, tome 2), Les Humanoïdes Associés
1993 - Tout n'est pas rose (avec Anne Rozenblat), Éditions La Sirène
1994 - Les femmes et les enfants d'abord (Monsieur Jean, tome 3), Les Humanoïdes Associés
1994 - Journal d'un album, L'Association
1996 - New York Carnets, Éditions Cornelius
1998 - 21Vices (avec Anne Rozenblat), Éditions Alain Beaulet
1998 - Vivons heureux sans en avoir l'air (Monsieur Jean, tome 4), Les Humanoïdes Associés
1998 - Une envie de trop (Henriette, tome 1), Les Humanoïdes Associés
1999 - Un temps de chien (Henriette, tome 2), Les Humanoïdes Associés
1999 - Barcelone Carnets, Éditions Cornelius
2000 - La théorie des gens seuls, Les Humanoïdes Associés
2000 - Les souris ont parfois du mal a gravir la montagne (textes de Vincent Ravalec), Seuil
2000 -Trenet illustré, Albin Michel Jeunesse
2000 - Le petit garçon qui n'existait pas, Éditions Cornelius
2001 - Comme s'il en pleuvait (Monsieur Jean, tome 5), Les Humanoïdes Associés
2001 - Trop potes (Henriette, tome 3), Les Humanoïdes Associés
2001 - Lisbonne Carnets, Éditions Cornelius
2002 - Bicéphale, Editions Beeld Beeld

 

Beeld Beeld


L'asbl Beeld Beeld a été créée en 1999 dans le but de convaincre le grand public des possibilités artistiques de la bande dessinée.


La première réalisation, la double exposition 'Daniel Clowes/Chris Ware', a tout de suite rencontré un énorme succès. Cette exposition a attiré plus de trois mille visiteurs dans les centres culturels de trois villes flamandes:
Leuven, Malines et Saint-Nicolas.


En 1999, Beeld Beeld propose le dossier Subsides et la BD en Flandre et participe à la réflexion sur la BD avec le Ministre flamand de la Culture, Bert Anciaux, ce qui a entre-temps débouché sur la création d'une commission chargée d'étudier les possibilités de subsides à la bande dessinée en Flandre.


Beeld Beeld publie également la collection SAC. Cette 'Sequential Art Collection' est composée de BDs muettes d'une page, en sérigraphie et sur un tirage limité. A l'heure qu'il est, quatre tomes de cette collection ont été publiés.


Beeld Beeld a organisé, de début février à fin mars 2001, l'exposition Lorenzo Mattotti, fort appréciée du public : image, histoire, couleur, ligne dans le complexe fraîchement restauré Tweebronnen par l'architecte Henry Van de Velde.

Le projet suivant est la Rétrospective Dupuy-Berberian.


Les membres de l'asbl Beeld Beeld jouissent d'une longue expérience dans la réalisation de projets d'exposition:


Peter Dhondt est un infographiste indépendant, professeur à l'Académie des Beaux-Arts de Bruges et Licencié en Histoire de l'Art.
Il a été chargé de la coordination du Conseil culturel des étudiants louvanistes pour l'exposition Billder Stucprise sur le thème de l'oeuvre du collectif BD Bill, ainsi que des expositions d'un jour Ithaka qui se sont tenues à Leuven en 1996 et 1997. Avec Rudi Jacoby, il a organisé en 1997 Art of Fate, une exposition présentant l'oeuvre de Léopold Liou.


Rudi Jacoby est gérant de l'atelier de sérigraphie Grafiek. Il a organisé une exposition sur l'oeuvre de Jan Berckmans, ainsi que le projet Art of Fate dans le complexe Philips situé à Leuven.


Bart Pinceel est propriétaire de la libraire Het Besloten Land, spécialiste en bande dessinée et située à Leuven, ainsi que de la maison d'édition Grint, qui
publie le travail de jeunes dessinateurs flamands (Nix, Schoofs, Jeroom, pour ne citer que ceux-là). La librairie Het Besloten Land est régulièrement le théâtre d'expositions et séances de dédicaces. Il a monté l'exposition sur Jan Bosschaert dans la Bibliothèque Centrale de l'Université de Leuven en 1997.

 

vzw Beeld Beeld
Leopold Beosierlaan 13
3010 Leuven
Belgium


tel: +32 16 20 01 10
fax: +32 16 89 01 68


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Bart & Peter par Charles Berberian